Comment gérer mes émotions ?

Je pense que le fait même de vouloir gérer ses émotions risque justement de les faire exploser davantage. En effet, il s'agit ici d'une lutte entre le "réflexif" et le "processif". En d'autres termes, votre corps (le "processif") vous envoie un signal : quelque chose ne va pas, vous êtes triste, en colère, submergé. Et votre esprit (le "réflexif") tente à tout prix de rationaliser ces ressentis en répétant, par exemple : "Ce n’est rien, respire, ne pleure pas, tu es plus fort, STOP, arrête, tu n’as pas le droit d’être triste, pleurer, c’est échouer." Toutes ces injonctions violentes que vous vous imposez créent ainsi une lutte entre votre corps et votre esprit.

Malheureusement, les émotions ne peuvent pas être rationalisées. Peut-être qu’à court terme vous arriverez à les maîtriser, mais plus vous les bloquerez, plus elles exploseront fort.

Prenons la métaphore d’un barrage : vous construisez un immense barrage qui bloque une quantité d’eau gigantesque, juste au-dessus d’une ville. Mais ce barrage commence à se fissurer, puis finit par exploser, plongeant la ville dans une inondation catastrophique. Alors, vous construisez un barrage encore plus grand et plus rigide, capable de contenir une masse d’eau encore plus importante. Mais un jour, celui-ci cède également, car la masse d’eau est trop lourde. Les conséquences sont encore pires que la première fois : l’eau ravage tout sur son passage – forêts, villes, êtres vivants… N’aurait-il pas été plus judicieux de construire un barrage avec des canaux pour laisser l’eau s’écouler progressivement, évitant ainsi une pression excessive sur le barrage ?

Les émotions fonctionnent de la même manière. On ne peut pas les bloquer, mais on peut leur donner un rendez-vous à certains moments de la journée pour les vivre. Par exemple, si vous êtes triste, consacrez 30 minutes par jour à accueillir cette tristesse, pour la laisser s’écouler progressivement sans qu’elle vous explose en plein visage. Cela vous permet de regagner du contrôle sur vos émotions. Et, il n’y a pas de secret : pour avoir du contrôle sur les émotions, il faut les vivre, leur donner un espace où elles peuvent s’exprimer et être entendues.

Je vous donne une dernière métaphore pour étayer mes propos :

Imaginez que l’émotion soit une amie qui frappe à votre porte. Vous refusez de lui ouvrir parce que vous ne voulez pas qu’elle mette le bazar chez vous. Alors, elle frappe de plus en plus fort. Plus vous vous barricadez, plus elle tente de frapper jusqu'à ce qu’elle défonce la porte, vous submergeant violemment.

Reprenez le contrôle de cette amie en l’invitant à prendre le thé à des moments spécifiques de votre semaine. Ne l'oubliez pas, écoutez-la, puis dites-lui "à la prochaine fois". Soulagée, l’émotion repartira rassurée, sachant qu'elle a été entendue.